dimanche, novembre 19, 2006

Des bleus à l'âme???

PUISQUE J'AI MIS MA LÈVRE...

Puisque j'ai mis ma lèvre à ta coupe encor pleine,
Puisque j'ai dans tes mains posé mon front pâli,
Puisque j'ai respiré parfois la douce haleine
De ton âme, parfum dans l'ombre enseveli,
Puisqu'il me fut donné de t'entendre me dire
Les mots où se répand le cœur mystérieux,
Puisque j'ai vu pleurer, puisque j'ai vu sourire
Ta bouche sur ma bouche et tes yeux sur mes yeux ;
Puisque j'ai vu briller sur ma tête ravie
Un rayon de ton astre, hélas ! voilé toujours,
Puisque j'ai vu tomber dans l'onde de ma vie
Une feuille de rose arrachée à tes jours,
Je puis maintenant dire aux rapides années :
Passez ! passez toujours ! je n'ai plus à vieillir !
Allez-vous-en avec vos fleurs toutes fanées ;
J'ai dans l'âme une fleur que nul ne peut cueillir !
Votre aile en le heurtant ne fera rien répandre
Du vase où je m'abreuve et que j'ai bien rempli.
Mon âme a plus de feu que vous n'avez de cendre !
Mon cœur a plus d'amour que vous n'avez d'oubli !

1er janvier 1835. Minuit et demi.

(Dans ce court poème, Hugo exprime ce thème typiquement romantique, mais qu'il a lui-même assez rarement exploité, de l'amour salvateur qui préserve même du temps et des regrets.)

Je me sentais mélancolique ce soir et ce poème m'est venu à l'esprit. Je vous l'offre et j'espère que vous l'aimerez. Si vous aimez la poésie, vous trouverez tous les poètes classiques sur le site Poetes.com

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